Evaluation Annuelle des Compétences (Partie 4)

 Ce qu’on n’ose pas vous dire

L’entretien d’évaluation annuelle, c’est un peu comme un premier rendez-vous amoureux : on veut faire bonne impression, mais parfois, la situation peut devenir… disons, un peu délicate. Les managers, tout comme les collaborateurs, peuvent se retrouver face à des dilemmes éthiques qui demandent de jongler entre objectivité et émotions. Pas toujours facile de garder le cap quand les relations personnelles s’en mêlent !


Des anecdotes ou des exemples concrets

Ces exemples reflètent des situations où des tabous ou des dilemmes éthiques se présentent lors d’évaluations annuelles. Ils montrent à quel point un management ouvert au dialogue peut transformer des situations délicates en opportunités de croissance.

1. Évaluer un collaborateur avec qui on a eu des prises de bec et des disputes

Contexte : Karim, responsable qualité, et Khadidja, une chimiste, ont eu plusieurs désaccords sur la manière d’analyser certains résultats. Ils se sont souvent disputés lors des réunions d’équipe, ce qui a créé une tension palpable entre eux.

Histoire : Lors de son évaluation annuelle, Karim se retrouve face à Khadidja. Les premiers échanges sont froids, chacun restant sur ses positions passées. Karim, pourtant décidé à rester professionnel, commence par évoquer les aspects positifs du travail de Khadidja : « Malgré nos désaccords, je reconnais ton expertise technique, et tes résultats sont toujours dans les temps. » Puis il aborde les tensions : « Cependant, je pense que nos conflits ont parfois freiné notre efficacité en équipe. Qu’en penses-tu ? »

Khadidja, surprise par l’approche constructive de Karim, admet qu’elle a aussi ressenti ces tensions. Ils finissent par discuter des moyens de mieux collaborer à l’avenir, en se concentrant sur des objectifs communs plutôt que sur leurs différends personnels.

Leçon : Rester factuel et ouvert au dialogue permet de transformer des prises de bec en opportunités de collaboration.

2. L’évaluation de votre pote préféré au boulot ou votre copine

Contexte : Samira est chargée de projets dans un laboratoire, et son meilleur ami, Omar, est son assistant. Ils passent toutes leurs pauses ensemble et partagent souvent des moments en dehors du travail. Lorsqu’elle doit l’évaluer, Samira sait que tout n’est pas parfait dans ses performances, mais elle a du mal à le critiquer.

Histoire : Pendant l’évaluation, Samira commence par dire : « Omar, tu es toujours super réactif et je sais que je peux compter sur toi. Mais je pense qu’il y a certains aspects où tu pourrais t’améliorer, comme la gestion des délais. » Omar, un peu surpris par la remarque, répond en riant : « Ah, tu veux dire que je suis toujours en retard ?! » Samira sourit, mais poursuit avec sérieux : « Je pense qu’on peut trouver des solutions pour t’aider à mieux gérer ton emploi du temps. »

L’évaluation se passe dans la bonne humeur, mais Omar comprend aussi qu’il doit améliorer certains points pour rester professionnel.

Leçon : Évaluer un ami peut être difficile, mais avec honnêteté et humour, on peut garder la relation intacte tout en restant juste.

3. Évaluer quelqu’un avec plus d’expérience que vous

Contexte : Hocine, un jeune manager de 32 ans, doit évaluer Sarah, une technicienne en laboratoire qui travaille là depuis 25 ans. Sarah a vu passer de nombreux managers et se montre un peu condescendante avec les plus jeunes.

Histoire : Lors de l’entretien, Hocine commence par valoriser l’expérience de Sarah : « Sarah, ton expertise est indéniable et tu es une référence dans l’équipe pour beaucoup. » Puis il aborde un point sensible : « Cependant, j’ai remarqué que tu tends à t’opposer aux nouvelles procédures. J’aimerais comprendre ce qui te freine. »

Sarah se détend en voyant que Hocine reconnaît son expérience. Elle explique ses réticences face aux changements, et Hocine propose de l’impliquer davantage dans la formation des jeunes sur ces nouvelles procédures, en capitalisant sur ses compétences.

Leçon : Respecter l’expérience de l’autre tout en affirmant son rôle de manager permet de créer un climat de confiance et d’améliorer la collaboration.


4. Quand la politique de bureau s’invite dans l’évaluation – Le chouchou du boss

Contexte : Youcef, un manager de laboratoire, doit évaluer Khaled, le « chouchou » du directeur général. Tout le monde sait que Khaled a des faveurs spéciales, et il est clair que son statut influence les décisions.

Histoire : Lors de l’évaluation, Youcef ressent une pression subtile pour rester positif malgré des performances parfois en deçà des attentes. Il décide néanmoins de rester factuel : « Khaled, tu as de bons résultats, mais j’ai remarqué que tes rapports sont souvent en retard. » Khaled sourit, sûr de lui, et répond : « Oui, mais tu sais que je suis toujours débordé, le directeur me confie des projets spéciaux. »

Youcef, ne se laissant pas démonter, insiste : « Je comprends, mais cela affecte les délais du reste de l’équipe. Nous devons trouver une solution pour mieux organiser ton planning. »

Leçon : Même face à des préférences politiques, il est essentiel de rester centré sur les faits et d’aborder les problèmes de manière constructive, sans céder aux pressions extérieures.

5. Quand l’ambiance devient tendue, comment s’en sortir sans trop de casse ?

Contexte : L’évaluation de Kamel, un technicien, s’annonce tendue. Kamel a récemment contesté plusieurs décisions de la direction et se montre souvent frustré en réunion.

Histoire : Pendant l’entretien, Kamel est sur la défensive dès le départ. « Je sais que vous allez me reprocher ma franchise », commence-t-il. Son manager, Nabila, reste calme et répond : « Non, je veux qu’on discute ouvertement. Je comprends que certaines décisions t’ont frustré, mais parlons de ce que nous pouvons faire pour améliorer la situation. » Kamel, un peu surpris par le ton conciliant de Nabila, accepte finalement de partager ses idées.

L’évaluation se termine sur une note plus positive, avec des propositions concrètes pour améliorer l’ambiance au travail.

Leçon : La clé pour désamorcer une évaluation tendue est d’adopter un ton conciliant, de se concentrer sur des solutions constructives et d’éviter l’escalade émotionnelle.


Un manager et son collaborateur en train de se disputer pendant l'évaluation
Disputes durant l'évaluation

6. Le dilemme du burn-out non-dit

Contexte : Abdelkader, responsable des essais cliniques, est l’employé modèle du laboratoire. Toujours en avance sur ses deadlines, il est impliqué dans plusieurs projets simultanément. Cependant, il commence à montrer des signes d’épuisement, mais refuse d’en parler, car il pense que cela pourrait nuire à son image de « leader ».

Histoire : Lors de son évaluation, son supérieur, Shahrazed, remarque son manque d’enthousiasme, mais hésite à soulever la question du burn-out. Finalement, elle prend son courage à deux mains et dit : « Abdelkader, tes performances sont excellentes, mais j’ai remarqué que tu sembles de plus en plus fatigué. Comment te sens-tu ? »

Abdelkader finit par avouer qu’il se sent dépassé, mais n’osait pas le dire de peur de paraître faible. Shahrazed lui propose de déléguer certains projets et d’instaurer des moments de pause dans son emploi du temps. Cette initiative permet à Abdelkader de se ressourcer et de retrouver son énergie.

Leçon : Le burn-out, ce n’est pas juste une affaire de caractère ou le résultat de la personnalité d’un collaborateur. Bien souvent, il vient d’un environnement de travail qui pousse un peu trop, d’un management exigeant sans soutien suffisant. Un bon manager, c’est celui qui sait lire les signes de fatigue… mais aussi se poser les bonnes questions sur son propre style de gestion ! Parfois, identifier les sources de stress, ajuster un peu les méthodes, se montrer plus ouvert ou mieux répartir la charge de travail peut changer toute la dynamique. Au final, un petit effort côté manager, et c’est toute l’équipe qui respire mieux.

7. Le dilemme de la discrimination silencieuse

Contexte : Salim, technicien en contrôle qualité, a remarqué que ses idées et suggestions sont souvent ignorées lors des réunions d’équipe. Il commence à se demander si cela est dû à son origine culturelle, mais il n’ose pas en parler, craignant de paraître paranoïaque.

Histoire : Lors de son évaluation, son manager, Nadia, lui demande s’il se sent bien intégré dans l’équipe. Après un long silence, Salim lui confie ses doutes. Nadia, surprise, n’avait jamais remarqué cette dynamique. Elle propose alors de travailler avec l’équipe pour mieux inclure Salim et s’assurer que toutes les voix soient entendues.

Leçon : Les discriminations silencieuses peuvent passer inaperçues, mais une évaluation annuelle est l’occasion idéale pour aborder ces sujets sensibles et travailler sur l’inclusivité.

Quand l’évaluation tourne au vinaigre

Dans le monde réel, toutes les évaluations ne se déroulent pas aussi harmonieusement que dans les exemples cités. Parfois, ni le manager ni l'évalué ne voient vraiment les bénéfices du processus, et ça peut rendre l’exercice… disons, compliqué. Quand ni l’un ni l’autre n’est réceptif, l’évaluation peut vite devenir lourde, voire carrément improductive. Alors, jetons un œil à des scénarios où les échanges ne sont pas au beau fixe et voyons comment s’en sortir sans trop de casse. Entre savoir couper court, faire appel à un tiers si besoin et se concentrer sur les faits, il existe des moyens d’éviter que tout parte en vrille.

1. Évaluer un collaborateur avec qui on a eu des conflits, mais qui refuse de collaborer

Contexte : Hakim et Louiza, du département qualité, se sont violemment disputés à plusieurs reprises au sujet de méthodes de travail. Louiza est convaincue que Hakim cherche à nuire à sa carrière, et Hakim la perçoit comme une personne obstinée et inflexible. Lorsque l’évaluation arrive, Hakim, en tant que manager, doit évaluer Louiza, mais celle-ci est sur la défensive dès le début.

Histoire : Dès le début de l'entretien, Louiza adopte une posture d'attaque. « Je sais très bien que tu vas me critiquer à cause de nos disputes, mais c’est toi qui as tort ! » Hakim tente de ramener la conversation sur les performances de Louiza, mais elle refuse d’entendre les critiques constructives et accuse son manager de favoritisme.

L’entretien tourne rapidement au vinaigre, avec des accusations mutuelles et des tensions croissantes. Hakim, sentant que l’évaluation devient improductive, propose d’interrompre la réunion et de reprendre plus tard avec une personne des ressources humaines pour faciliter la discussion.

Leçon : Dans des situations où le conflit prend le dessus, il peut être nécessaire d’impliquer un tiers neutre (RH ou autre) pour gérer les tensions et recentrer l’évaluation sur les faits. Il est également important de ne pas forcer la discussion lorsque les émotions prennent le dessus.

2. L’évaluation d’un ami qui devient une excuse pour éviter les critiques

Contexte : Laila, manager en production, doit évaluer son amie Malika, qui travaille avec elle depuis plusieurs années. Toutes deux passent beaucoup de temps ensemble en dehors du travail. Laila, voulant éviter toute tension, décide d'adoucir la critique. Mais Malika, qui se sent protégée par cette amitié, commence à se relâcher au travail.

Histoire : Lors de l'évaluation, Laila hésite à aborder les retards et la négligence de Malika, mais elle finit par le mentionner. Malika, au lieu de prendre la critique à cœur, réplique : « Allez, on est copines, c’est pas grave ces petites erreurs, non ? Tu sais que je suis toujours à fond ! »

Laila, mal à l’aise, n’insiste pas, et l’évaluation devient un simple échange superficiel. Malika continue à négliger certaines de ses tâches, et l’équipe en pâtit. Laila réalise trop tard qu’elle a laissé leur amitié nuire à son objectivité professionnelle.

Leçon : Une amitié trop forte peut rendre l’évaluation inefficace si elle empêche la franchise. Le manager doit se rappeler que son rôle est de maintenir la performance de l’équipe, même si cela signifie donner des retours difficiles à un ami. De son côté, le collaborateur doit comprendre que l’amitié ne devrait pas justifier un relâchement au travail. Accepter les critiques constructives fait partie du jeu, et rester professionnel est aussi une preuve de respect envers l’équipe. En clair, chacun doit savoir mettre la casquette pro au bon moment pour que l’évaluation reste un outil utile, même entre amis.

3. Évaluer quelqu’un avec plus d’expérience qui se montre condescendant

Contexte : Saifeddine, jeune manager, doit évaluer Sarah, une employée avec plus de 30 ans d’expérience dans l'entreprise. Sarah se montre condescendante, persuadée que Saifeddine n’a rien à lui apprendre.

Histoire : Pendant l’évaluation, Sarah ne fait aucun effort pour cacher son mépris. « Écoute Saifeddine, j’ai vu passer des dizaines de managers comme toi. J’ai probablement plus d’expérience que tout ton service réuni. » Saifeddine tente de rester calme et d’aborder les performances actuelles de Sarah, mais elle continue à parler de ses réussites passées et minimise toute critique.

À la fin de l’entretien, Saifeddine se rend compte que la discussion a été complètement stérile. Sarah refuse tout feedback et continue de faire ce qu’elle veut sans tenir compte des recommandations.

Leçon : Parfois, l’expérience et l’arrogance empêchent une évaluation constructive. Dans ces cas-là, le manager doit documenter les performances de manière très factuelle, mais pas seulement : il doit aussi noter les erreurs et les points d’amélioration, sans oublier de mettre en place un suivi régulier. En utilisant un outil comme les Metrics pour garder un équilibre entre les réussites et les lacunes, le manager peut aider Sarah à réaliser que même avec 30 ans d’expérience, il y a toujours des domaines à perfectionner. Transparence et suivi structuré permettront à chacun d’évoluer, dans une logique de progrès continu.


Un manager est en évaluation annuelle d'un collaborateur plus ancien que lui
Evaluation d'un collaborateur avec plus d'éxperience

4. Quand la politique de bureau domine, et que l’évalué est intouchable

Contexte : Samir est chargé d’évaluer Lynda, une employée très proche du directeur général. Tout le monde sait qu’elle bénéficie de faveurs spéciales, et elle s’en sert pour contourner les règles.

Histoire : Lors de l’évaluation, Samir tente d’aborder les retards fréquents de Lynda dans la remise de ses rapports. Lynda éclate de rire et rétorque : « Oh, ne t’inquiète pas, le directeur sait très bien pourquoi j’ai du retard, il m’a donné des projets plus importants. »

Samir, sentant la pression du favoritisme, hésite à pousser le sujet. Lynda continue à minimiser ses manquements en mentionnant ses connexions avec la direction, rendant l’évaluation complètement inefficace.

Leçon : Quand la politique de bureau crée des situations de favoritisme, on sait que ça peut vite tourner en mission impossible pour un manager qui essaie de faire respecter les règles. Dans ce genre de cas, mieux vaut documenter soigneusement les faits et garder une trace écrite des retards ou des manquements, même si les RH ne sont pas d’un grand secours. Cela permet de se protéger et de rester pro, quoi qu’il arrive. Et parfois, il vaut mieux choisir ses batailles : en restant concentré sur les objectifs atteignables, on minimise les frictions et on avance malgré tout. Rigueur et transparence, ça peut faire bouger les lignes… même quand la politique s’en mêle.

5. Quand l'ambiance est tendue et que le manager manque de diplomatie

Contexte : Rachid, manager en chimie analytique, doit évaluer Kamel, un employé qui a contesté publiquement plusieurs décisions de la direction. L’ambiance est tendue depuis des mois.

Histoire : Dès le début de l’évaluation, Rachid entre directement dans le vif du sujet : « Kamel, ton attitude est problématique. Tu contestes tout et tu mets l’équipe dans une situation inconfortable. » Kamel, furieux, rétorque : « Si tu faisais ton boulot correctement, on n’en serait pas là ! »

La conversation dégénère rapidement, et Rachid perd son calme, réagissant aux provocations de Kamel. L’entretien se termine dans une ambiance explosive, sans qu’aucune solution ne soit trouvée. Le lendemain, Kamel envoie un mail à toute l’équipe critiquant violemment son manager.

Leçon : Quand l’ambiance devient tendue, c’est souvent le résultat d'une longue incubation, avec des signaux d’alerte qui ont été ignorés. Rachid aurait pu garder un œil sur les agissements de Kamel et faire le point avant que ça ne dégénère. Dans ce genre de situation, une évaluation nécessite un brin de diplomatie et un peu de préparation. Le manager doit rester zen et éviter les confrontations directes, tout en étant proactif pour comprendre les préoccupations de son collaborateur. En se concentrant sur les faits et en proposant des solutions pratiques, il peut désamorcer les conflits avant qu’ils n’explosent. La clé, c’est de garder le dialogue ouvert et de ne pas attendre que les choses s’enveniment.

Quand le manager est dans la ligne de mire

Parfois, c’est au tour du manager d'être en faute, que ce soit par manque de préparation ou de recul. Dans ces cas-là, un collaborateur mieux informé et plus au fait des enjeux peut pointer les erreurs ou incohérences du manager, et même remettre l’évaluation sur les rails. Voici des situations où le collaborateur, bien préparé, incite le manager à corriger le tir.

1. Le manager qui ne connaît pas bien son équipe

Contexte : Houria, technicienne expérimentée dans un laboratoire pharmaceutique, se présente à son évaluation annuelle avec une certaine frustration. Son manager, Djamel, est nouveau et a rarement pris le temps de vraiment comprendre son travail quotidien.

Histoire : Lors de l’évaluation, Djamel fait des remarques générales sur la performance de Houria, mais il est rapidement clair qu’il n’a pas pris le temps d’analyser ses contributions réelles. Il commente : « Je pense que tu pourrais améliorer ton rendement sur les derniers mois, j’ai vu que certaines analyses prenaient plus de temps que prévu. »

Houria, calme mais ferme, réplique : « En réalité, le retard était dû à un dysfonctionnement dans les équipements, que j’ai signalé plusieurs fois sans réponse. J’ai dû contourner le problème avec des méthodes alternatives. » Djamel, visiblement embarrassé, réalise qu’il n’avait pas pris en compte cette information, et que ses critiques ne sont pas fondées.

Leçon : Quand un manager ne connaît pas bien les détails du travail de son collaborateur, ça peut vite devenir gênant. Plutôt que de plonger tête baissée dans l’évaluation, pourquoi ne pas reporter l’entretien ? Ça donne l’occasion de mieux comprendre les contributions de l’employé et les défis qu’il rencontre. En prenant le temps de s’informer, on évite de faire des remarques à côté de la plaque et on montre qu’on respecte vraiment le travail de l’équipe. Un manager qui prend le temps de se préparer et d’écouter ses collaborateurs est bien plus à même de mener une évaluation constructive et positive !


L'image d'un manager qui ne connait pas son équipe
Un manager hors ligne pendant l'évaluation

2. Le manager qui se dérobe à ses responsabilités

Contexte : Hocine, analyste, fait un excellent travail depuis plusieurs mois, mais son manager, Maria, a constamment négligé de lui fournir les outils et le support nécessaires pour aller encore plus loin. Elle ne lui a pas donné accès à des formations importantes, malgré ses demandes répétées.

Histoire : Lors de son évaluation, Hocine aborde la question directement : « Maria, j’ai demandé plusieurs fois à suivre une formation sur le nouvel équipement, mais je n’ai toujours pas eu de retour. Cela commence à freiner mes performances, et je ne peux pas améliorer mes résultats sans ces compétences. »

Maria, un peu prise de court, tente de justifier le retard, mais Hocine, préparé, lui montre les emails envoyés et les délais passés sans réponse. Maria, consciente de son erreur, admet qu’elle n’a pas accordé assez d’attention à ses demandes.

Leçon : Quand un manager ne soutient pas ses collaborateurs, leurs attentes finissent par ressortir tôt ou tard, surtout lors de l’évaluation. Dans le meilleur des cas, le manager reconnaît ses manquements et prend les choses en main. Mais si le manager se dérobe et refuse d’admettre sa part, la situation peut vite tourner en rond. Dans ce cas, le collaborateur, comme Hocine, peut présenter des faits concrets (emails, délais, etc.) pour appuyer sa demande, et clarifier ses attentes pour l’avenir. C’est aussi une façon de rester pro et de montrer que la question ne sera pas balayée sous le tapis.

3. Le manager qui fuit le feedback négatif

Contexte : Karim, un collaborateur consciencieux, a remarqué plusieurs problèmes organisationnels dans son équipe, dus à des décisions mal gérées par son manager, Abdelkader. Toutefois, Abdelkader a tendance à éviter le feedback négatif et préfère passer rapidement sur les sujets sensibles.

Histoire : Lors de son évaluation, Karim décide de parler des problèmes de gestion de temps dans l’équipe : « Abdelkader, il y a eu plusieurs retards dans la livraison des projets à cause d’un manque de planification. Cela affecte tout le monde, mais je n’ai jamais vu de plan d’action pour corriger cela. »

Abdelkader, mal à l’aise, tente de minimiser la situation en répondant : « Oui, ce sont des choses qui arrivent, mais on fait tous de notre mieux. » Karim, déterminé, insiste : « Je pense que ce n’est pas seulement une question de ‘faire de notre mieux’. Nous avons besoin de processus clairs pour éviter ces retards, et je suis prêt à proposer des idées. »

Leçon : Un collaborateur conscient des dysfonctionnements peut essayer de pousser son manager à reconnaître ses faiblesses. Dans le meilleur des cas, cela incite le manager à être plus ouvert au feedback et à agir pour améliorer la situation. Mais parfois, on a plutôt affaire à un manager qui se sent visé et peut même se montrer défensif ou adopter des représailles. Dans ce genre de cas, mieux vaut garder des preuves écrites (comme les échanges par email) et rester factuel pour éviter que la discussion ne tourne au conflit. Le but, c’est de rester pro et d’exposer les faits sans attaquer directement. En restant constructif et persistant, on peut parfois réussir à faire bouger les choses, même quand le manager est sur la défensive.

4. Le manager qui impose des objectifs irréalistes

Contexte : Youssra, chargée de production, se voit régulièrement imposer des objectifs irréalistes par son manager, Ahmed, qui ne prend pas en compte la charge réelle de travail ni les contraintes techniques.

Histoire : Pendant l’évaluation, Ahmed reproche à Youssra de ne pas avoir atteint certains objectifs : « Je m’attendais à ce que tu termines le projet X plus tôt, mais il y a eu des retards. » Youssra, bien préparée, lui rappelle les conditions dans lesquelles elle a travaillé : « J’ai reçu les ressources nécessaires deux semaines après la date prévue, et le système était en maintenance pendant une semaine. Ces délais ont rendu impossible l’atteinte de l’objectif fixé. »

Ahmed, pris de court par cette réponse détaillée, n’avait pas prévu d’aborder les retards en amont et doit reconnaître que ses attentes étaient déconnectées de la réalité.

Leçon : Un manager qui impose des objectifs sans tenir compte des réalités du terrain risque de se retrouver à devoir justifier ses attentes irréalistes. Mais ce n’est pas tout : attendre l’évaluation pour se demander pourquoi un projet est en retard, ça montre surtout un gros manque de suivi ! Un bon manager devrait garder un œil sur l’avancement des projets et ajuster le tir en cours de route. Dans ce genre de situation, le collaborateur, bien préparé et conscient des limites, peut répondre avec des faits concrets pour recadrer les attentes. Mieux vaut un suivi régulier qu’une évaluation qui se transforme en séance de reproches.

5. Le manager qui utilise des évaluations pour se dédouaner

Contexte : Kamel, technicien dans un laboratoire, a vu ses conditions de travail se dégrader en raison d’un manque de leadership de son manager, Malika. Plutôt que de prendre ses responsabilités, Malika utilise les évaluations pour tenter de transférer la responsabilité des problèmes sur son équipe.

Histoire : Lors de l’évaluation, Malika dit à Kamel : « J’ai remarqué que tes performances ont baissé ces derniers mois. Il faut que tu fasses plus d’efforts pour respecter les délais. » Kamel, calmement, répond : « En fait, les retards sont principalement dus aux problèmes de coordination entre les équipes, et cela a été signalé à plusieurs reprises. Je pense que nous avons besoin d’un leadership plus fort pour résoudre ces problèmes. »

Malika, qui n’aime pas être remise en cause, tente de détourner la conversation, mais Kamel insiste sur le fait que sans une meilleure coordination, toute l’équipe continuera de souffrir des mêmes problèmes.

Leçon : Parfois, un manager peut utiliser les évaluations pour éviter d’assumer sa propre part de responsabilité. Un collaborateur conscient et bien préparé peut remettre la situation en perspective et amener le manager à reconnaître ses propres lacunes.

Le harcèlement : quand l’évaluation dérape

Bon, on a presque bouclé toutes les situations possibles, mais en voilà une rare et très délicate. Quand un manager profite d’une évaluation pour faire des avances, le collaborateur se retrouve dans une situation inconfortable à la frontière entre le pro et le perso. Voici un exemple de ce genre de situation et des conseils pour réagir et se protéger

Contexte : Amina, assistante dans un laboratoire, a remarqué que son manager, Bilel, devient de plus en plus familier avec elle. Il fait des compliments déplacés sur son apparence et prend des prétextes pour prolonger leurs réunions en tête-à-tête. Lors de son évaluation annuelle, Bilel, sous couvert d’une « discussion professionnelle », commence à lui faire des sous-entendus personnels.

Histoire : Pendant l’évaluation, Bilel commence par évoquer les performances de Amina, mais rapidement, la conversation dévie. « Amina, tu sais, tu fais vraiment du bon travail, et je pense qu’on pourrait collaborer encore plus étroitement, tu vois ce que je veux dire ? » Il lui fait ensuite des compliments sur son apparence, puis ajoute : « Peut-être qu’on pourrait se voir en dehors du travail pour discuter de ta carrière. Je peux t’aider à aller plus loin. »

Amina se sent immédiatement mal à l’aise. Plutôt que de répondre directement, elle garde un ton neutre et professionnel : « Merci pour votre retour sur mon travail, mais je préférerais rester concentrée sur mes objectifs professionnels pour l’instant. » Amina ne répond pas aux avances et ramène systématiquement la discussion sur ses performances professionnelles. Elle termine l’entretien en disant : « Pour les prochaines étapes, quelles sont vos attentes concrètes concernant mes projets actuels ? »


Un manager vu en train de faire des avances à sa collaboratrice durant l'évaluation
Un manager dérape pendant l'évaluation annuelle

Comment réagir et se protéger dans cette situation ?

1. Maintenir une attitude professionnelle : Si le collaborateur ou la collaboratrice se retrouve dans une situation où le manager fait des avances, la première étape est de garder son calme et de rester professionnel. Ne pas entrer dans le jeu des sous-entendus et ramener la conversation sur le terrain professionnel montre que la personne n’est pas réceptive à ce type d’approche. Il faut rester neutre et éviter toute réaction émotionnelle immédiate.

2. Mettre fin à l’entretien si nécessaire : Si les avances persistent et deviennent inconfortables, il peut être judicieux de mettre fin poliment à l’entretien. Par exemple, « Je pense que nous avons couvert tous les points principaux pour aujourd’hui, je propose que nous arrêtions ici. Nous pourrons continuer cette discussion dans un cadre plus approprié. » Cela permet de couper court à la situation sans confrontation directe.

3. Documenter l’incident : Il est essentiel de garder une trace de ce qui s’est passé. Après l’entretien, il peut être utile de rédiger un compte rendu détaillé des échanges, y compris toute remarque ou comportement inapproprié. Ce document pourra être utilisé plus tard en cas de besoin pour prouver que des comportements inappropriés ont eu lieu.

4. Parler à une personne de confiance, aux RH ou au syndicat : Si la situation devient plus sérieuse, il est recommandé d’en parler à un collègue de confiance, à un représentant des ressources humaines, ou même au syndicat, qui peut aussi jouer un rôle. Dans de nombreuses entreprises, il existe des protocoles en place pour traiter ce type de comportement, et les RH peuvent intervenir pour enquêter sur la situation et protéger le collaborateur ou la collaboratrice.

5. Connaître ses droits : Il est important de connaître les politiques de l'entreprise en matière de harcèlement et de comportement inapproprié. Le harcèlement sexuel est illégal dans la plupart des juridictions, et l'entreprise est légalement tenue de fournir un environnement de travail sûr. Si le comportement du manager franchit la ligne, il est possible de prendre des mesures légales pour se protéger.

6. Fixer des limites claires : Il peut également être utile de fixer des limites claires avec le manager, en envoyant un email ou en ayant une conversation formelle. Par exemple : « Je tiens à clarifier que je souhaite garder nos échanges strictement professionnels à l’avenir, pour éviter tout malentendu. » Cela permet de fixer un cadre clair et de documenter la situation.

Leçon : Dans ce genre de situation, il est super important de garder son professionnalisme. Évitez les sous-entendus et concentrez-vous sur les sujets de l’évaluation : cela envoie un message clair sans envenimer les choses. Mais attention, cette situation n’est sûrement pas née du jour au lendemain. Alors, dès les premiers signes de comportements déplacés, mieux vaut réagir rapidement pour éviter que ça ne prenne de l’ampleur. Faire face à un manager qui abuse de son pouvoir pour faire des avances, c’est vraiment délicat. Il est crucial de répondre avec finesse et de se protéger en même temps. Pensez à bien documenter les échanges, à communiquer avec les RH et à poser des limites dès que possible. L’idée, c’est de gérer la situation sans perdre le contrôle ni mettre votre carrière en péril, tout en veillant à ce que ce type de comportement ne se reproduise pas.

 

En fin de compte, l’évaluation des compétences, c’est comme une grande aventure : parfois c’est du sport, parfois c’est un jeu de piste, mais toujours avec le bon esprit et les bons outils. Que vous soyez face à des dilemmes éthiques, à des relations personnelles compliquées ou même à des moments un peu tendus, gardez en tête que l’objectif reste le même : progresser et créer un environnement de travail où chacun peut se développer.

Alors, prêts pour la prochaine aventure ? Avec un peu de recul et beaucoup de professionnalisme, même les évaluations les plus délicates peuvent révéler de belles opportunités. Allez, bonne chance pour vos futures évaluations !

Reda LOURGUIOUI

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2 Comments
  • Anonyme
    Anonyme 21/11/2024 07:42

    ça donne à refléchire sur les méthodes actuelles !! Merci Mr Lourguioui

    • FormiForma
      FormiForma 21/11/2024 09:02

      Exactement, merci pour votre commentaire, et ça demande beaucoup de transparence sur les pratiques et surtout sur l'évaluation des ces pratiques sur le terrain.

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